Au XIXe siècle, l'apparition du légendaire code Morse, dont le nom n'a rien à voir avec l'animal, mais vient de Samuel Morse qui le breveta en 1840, permet les premières communications électriques par télégraphe. En Morse, chaque lettre est codée par une série de signaux courts ou longs. De nos jours, il est toujours utilisé, par amusement ou dans certaines situation nécessitant un code simple mais non sécurisé.
En 1832, Samuel Morse commence à mettre au point son télégraphe électrique. En 1837, il s'associe à Alfred Lewis Vail, qui a le premier l'idée du code composé de points et de barres. En 1840, Morse brevette son télégraphe, et la première ligne télégraphique est construite en 1842, entre Manhattan et Brooklyn. En 1844, le premier message télégraphique codé par l'alphabet Morse est envoyé de Washington à Baltimore (distantes d'une soixantaine de kilomètres) avec la phrase « Qu'est-ce que Dieu a fait » : pour la première fois, des pensées complexes peuvent être transmises très rapidement sur de longues distances. Même si Morse n'invente pas le télégraphe électrique, il conçoit une machine simple et efficace qui a permis de nombreuses communication. Le code Morse a évolué depuis sa création, et deux codes Morses sont encore utilisée de nos jours : le code morse américain, qui a été utilisé dans le système télégraphique à l’origine de la première télécommunication à longue distance et le code Morse international, qui a largement supplanté les autres codes Morse. Ainsi, nous ne parlerons ici que du code Morse international.
Deux types de signaux sont utilisés en Morse : un signal court (le point) et un signal long (le trait). Le code Morse est transmis selon un rythme précis. L'unité élémentaire de ce rythme est donné par la durée du point. Conventionnellement, un trait vaut trois fois la durée d'un point, l'espace entre chaque symbole vaut un point, l'espace entre chaque lettre vaut trois points et l'espace entre chaque mot vaut sept points. À l'oral, on peut appeler le point "ti" et le trait "ta".
De nombreux caractères peuvent être codés en Morse comme les lettres, les chiffres, les signes de ponctuation, les symboles ($,@,&,...) et les lettres accentuées. Il existe aussi des combinaisons spéciales pour certains codes dont les plus connus sont le "stop" (fin de message) et le "SOS" (signal de détresse). Les caractères les plus fréquement utilisés sont privilégiés afin de réduire la durée de transmission d'un message : ainsi, le e qui est la lettre la plus fréquente est codée par un simple "ti", et le q, qui est beaucoup plus rare, est codé par "ta ta ti ta". Lorsque l'alphabet Morse ne suffit pas pour coder tous les caractères nécessaires, il faut recourir à d'autres codes. Ainsi, il existe un équivalent japonais du Morse, le code Wabun. Les combinaisons du wabun représentent des kanas (d'est à dire des caractères phonétiques japonais).
Pour envoyer les signaux, les opérateurs télégraphiques utilisaient un manipulateur, c'est à dire un dispositif permettant d'envoyer les signaux électriques nécessaires à la transmission du message. Il en existait deux types : des "pioches", qui ne comportaient qu'une seule touche, ce qui forçait l'opérateur à calibrer la durée des points et des traits, et des "iambiques", qui comportaient deux touches, l'une générant des points et l'autre des traits. Un opérateur débutant ne pouvait transmettre qu'une dizaine de mots par minutes, tandis que le record est de 72,5 mots par minutes.
La radiotélégraphie Morse, c'est-à-dire la télégraphie en Morse par radio, est très utile en mer. Cela permet notamment aux marins d'envoyer le célèbre signal de détresse SOS. Une longueur d'onde radio, 500 kHz est réservée aux radiocommunications en mer. Depuis l'invention de la lampe Aldis, une projecteur puissant permettant d'envoyer des signaux lumineux jusqu'à 15 kilomètres, les bateaux peuvent également communiquer en Morse lumineux. De nos jours, cela est encore utilisé par des navires de guerre et par certains plaisanciers.
Le Morse peut également être très utile dans le service aéronautique. Avant 1970, les avions et ballons dirigeables pouvaient communiquer en radiotélégraphie. Comme pour le service maritime, certaines longueurs d'ondes étaient réservées à à la communication des apareils aéronautiques. De nos jours, le Morse est toujours utilisé dans l'aviation. Des radiobalises transmettent quelques lettres en Morse à intervalle régulier : le système ILS, qui permet au pilote de se positionner par rapport à la piste, et le système VOR, qui permet au pilote de s'orienter par rapport à l'aeroport, transmettent le code d'identification de l'aeroport en Morse.
La radiotélégraphie en Morse possède un grand avantage par rapport aux autres techniques de télécommunication. En effet, lorsque le message est parasité, les signaux codés en Morse sont beaucoup plus faciles à reconnaître que les signaux codés avec d'autres méthodes. De plus, le Morse est très facile à transmettre, notamment dans des situations délicates. Par exemple, si un militaire est dans une situation ne lui permettant pas de parler haut et fort sans se faire repérer, il peut transmettre un message sans bruit grâce au Morse. Les navires de guerre peuvent aussi se parler entre eux grâce au Morse lumineux, si ils sont proches. Cela peut s'avérer très utile pendant une silence radio.Enfin, le code Morse est très utile et régulièrement utilisé par les espions pour communiquer entre eux.
En 1966, lors de la guerre du Viêt Nam, le militaire américain Jeremiah Denton a été fait prisonnier par les Vietnamiens. Ses gardiens ont alors réalisé une interview télévisée dans laquelle Jeremiah Denton dit qu'il est bien traité. Mais tout en parlant, il réussit à énoncer le mot "T-O-R-T-U-R-E" en Morse, avec une série de clignements des yeux. Cela a confirmé à l'armée américaine que les prisonniers de guerre étaient torturés au Viêt Nam.
Lors de la Seconde Guerre Mondiale, la diffusion de la 5e symphonie de Beethoven signifiait que les Alliés étaient en bonne position. En effet, elle laisse entendre « ti ti ti ta » (...-), ce qui signifie V en Morse et V est l'initiale de Victoire. Ainsi, la symphonie fut diffusée en juin 1944, pour annoncer aux réseaux de Résistance le débarquement allié en Normandie.
La sonnerie de téléphone "Special", proposée dans certains téléphones de la marque Nokia, est en réalité le mot « S M S » en Morse ("ti ti ti ta ta ti ti ti").